
INTRODUCTION
La Côte d’Ivoire, située en Afrique de l’Ouest, est un pays doté d’une richesse naturelle exceptionnelle. Des forêts denses du sud aux savanes du nord, en passant par un réseau hydrographique dense, l’environnement ivoirien constitue un atout vital pour les populations locales et l’économie nationale. Cependant, ce patrimoine naturel est aujourd’hui gravement menacé.
Quels sont les facteurs de la dégradation de l’espace ivoirien ?
Quelles sont les conséquences de cette dégradation environnementale ?
Quelles sont les initiatives pour la préservation de l’environnement ivoirien ?
I/ LES CAUSES DE LA DEGRADATION ENVIRONNEMENTALE
1 – Les activités humaines, principales responsables
L’action humaine est au cœur de la dégradation de l’environnement ivoirien, notamment à travers les activités primaires, secondaires et tertiaires.
a) Les activités agricoles et leurs impacts
L’agriculture est la principale activité économique en Côte d’Ivoire, représentant environ 22% du PIB et employant plus de 50% de la population active. Cependant, la conversion massive de forêts en terres agricoles pour la culture du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial (environ 2,2 millions de tonnes en 2023), constitue une des causes majeures de la déforestation.
Entre 1960 et 2023, la couverture forestière ivoirienne est passée de 16 millions d’hectares à environ 3 millions d’hectares, soit une perte de près de 80%. Cette déforestation entraîne une perte de biodiversité, fragilise les sols et perturbe les écosystèmes.
b) L’exploitation forestière et minière
Les forêts ivoiriennes, riches en bois précieux comme l’acajou et l’iroko, sont exploitées de manière souvent illégale.
30% du bois coupé en Côte d’Ivoire provient d’activités illicites.
De plus, l’exploitation minière, notamment pour l’or, contribue à la destruction des écosystèmes. Les sites miniers abandonnés surtout avec l’orpaillage clandestin qui s’intensifie sur le territoire national, laissent derrière eux des paysages dévastés et des sols contaminés par des produits chimiques.
c) Les industries et la pollution
Les activités industrielles concentrées dans des zones comme Abidjan engendrent une pollution massive. Les hydrocarbures et autres produits chimiques, déversés dans les eaux côtières, affectent gravement la biodiversité marine.
La pollution de l’air due aux émissions de fumées et gaz toxiques des usines, affectent l’environnement ivoirien.
d) L’urbanisation incontrôlée
La croissance rapide des villes, comme Abidjan qui compte environ 6 millions d’habitants, s’accompagne d’une augmentation de la consommation d’espaces naturels pour des besoins résidentiels et industriels. Cela entraîne l’imperméabilisation des sols, accentuant le risque d’inondations, comme celles dévastatrices de juin 2022 ayant causé 13 morts et des milliers de déplacés. Le mauvais du drainage des eaux, la collecte et le traitement inappropriés des déchets, la pollution sonore, l’occupation anarchique des zones à risque sont autant de facteurs qui dégradent l’environnement ivoirien
2 – Les causes naturelles
Outre les activités humaines, les facteurs naturels contribuent également à la dégradation de l’environnement ivoirien.
a) L’érosion côtière
La côte ivoirienne, longue de 520 km, subit une érosion alarmante, affectant jusqu’à 2 mètres par an certaines zones comme Grand-Bassam et Grand-Lahou particulièrement le village de Lahou-Kpanda. Cette érosion est exacerbée par la montée des eaux due au changement climatique.
b) La sécheresse et la dégradation des sols
Les régions nordiques du pays, comme Korhogo, Odienné et Ferkessédougou, sont touchées par une diminution des précipitations, entraînant une désertification progressive. Cette situation réduit la fertilité des sols, limitant la production agricole et accentuant l’insécurité alimentaire.
II/ CONSEQUENCES DE LA DEGRADATION ENVIRONNEMENTALE
1 – Les impacts sur le milieu rural
La dégradation de l’environnement affecte profondément les communautés rurales, qui dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance. La dégradation du couvert végétal et la perte de fertilité des sols due à la déforestation et à la surexploitation entraîne une chute des rendements agricoles. La pêche artisanale, affectée par la pollution marine et la surpêche, met en péril la sécurité alimentaire de millions d’Ivoiriens. La disparition accélérée du cordon sableux due à l’érosion côtière a dissipé le cimetière de Lahou-Kpanda avec des tombes parties en mer et provoqué par la même occasion le déplacement du village des pêcheurs.
2 – Les impacts sur le milieu urbain
Les zones urbaines ne sont pas épargnées par les conséquences de la dégradation environnementale. L’imperméabilité des sols et l’insuffisance des infrastructures de drainage provoquent des inondations récurrentes dans des villes comme Abidjan. La pollution atmosphérique due aux véhicules et industries cause des maladies respiratoires, touchant particulièrement les enfants. L’amoncellement des ordures ménagères, la prolifération de sachets d’emballage, le mauvais drainage et assainissement des eaux usées créent des cadres de vie malsains qui dégradent la qualité de vie de populations ivoiriennes.
III/ LES INITIATIVES POUR LA PRESERVATION DE L’ENVIRONNEMENT IVOIRIEN
1 – Les actions étatiques
Le gouvernement ivoirien a adopté plusieurs mesures pour la préservation de l’environnement :
● Le gouvernement ivoirien a révisé en 2019 sa politique forestière nationale, visant à restaurer la couverture forestière à 20 % du territoire d’ici 2030. Cela implique la réhabilitation des forêts classées par des actions combinées de surveillance et de reboisement et la mise en place de programmes de reforestation communautaire, ciblant les zones à forte déforestation comme les régions de l’ouest et du sud-ouest.
● Les programmes comme « Une école, un arbre », visent à inculquer des pratiques écologiques dès le plus jeune âge.
● La Création de la SODEFOR en 1996 qui a pour mission de gérer le patrimoine forestier ivoirien (protection, exploitation, reforestation…) et de l’Agence Nationale de l’Environnement (ANDE) pour surveiller les projets ayant un impact sur l’environnement. Elle est aussi chargée d’éduquer, informer et sensibiliser la population ivoirienne à la protection de l’environnement.
● La loi sur la gestion des déchets solides adoptée en 2021 impose des pénalités financières pour les entreprises ne respectant pas les normes de gestion des déchets industriels.
● L’adoption de lois strictes pour encadrer les activités minières et forestières. Par exemple, l’interdiction des activités d’orpaillage clandestin sur l’ensemble du territoire, l’interdiction de la coupe de bois au-delà du 8ème parallèle.
L’Etat ivoirien collabore avec diverses structures internationales dans cette politique de préservation de l’environnement.
● Le projet d’investissement pour la résilience des zones côtières ouest-africaines (Waca-resip), implémenté à Grand-Lahou est financé par la Banque mondiale (BM) et la coopération espagnole. Il vise la construction de digues et de brise-lames pour protéger le cordon sableux en vue de freiner l’évolution de l’érosion qui menace le village de Lahou-Kpanda.
2 – Les initiatives des ONG, des organisations internationales et de la société civile
Des ONG comme Greenpeace et SOS Forêts éduquent les populations sur les dangers de la déforestation et les bonnes pratiques écologiques comme l’agroforesterie.
La Côte d’Ivoire s’est inscrite dans le programme REDD+ (Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts) de l’ONU qui encourage la conservation des forêts et offre des incitations financières aux communautés pour adopter des pratiques durables. A titre d’exemple, entre 2018 et 2023, grâce à REDD+, plus de 12 000 hectares de forêts ont été sauvegardés et près de 30 millions USD ont été investis dans des projets communautaires.
3 – L’engagement des populations
Les populations locales s’impliquent dans le reboisement volontaire. Chaque année, lors de la Journée nationale de l’arbre, des milliers de citoyens plantent des arbres dans les zones dégradées. Des communautés urbaines et rurales participent activement à des programmes de gestion des déchets.
Des coopératives agricoles encouragent leurs membres à adopter des pratiques moins destructrices. En 2023, plus de 15 000 agriculteurs ivoiriens ont bénéficié de formations dans le cadre de l’agroforesterie.
CONCLUSION
L’environnement ivoirien fait face à de multiples menaces, liées aux activités humaines et aux impacts du changement climatique. Seule une mobilisation combinant efforts étatiques, engagements des ONG et participation des citoyens permettra de préserver ce patrimoine vital pour les générations futures.