Étude économique de l’Afrique

INTRODUCTION

L’Afrique, deuxième plus grand continent de la planète, couvre une superficie d’environ 30,4 millions Km². Ce vaste continent aux richesses naturelles et humaines considérables est composé de 54 Etats et demeure depuis les indépendances en voie de développement. Il reste confronté à de nombreux défis.

Quelles sont les atouts naturels et humains dont dispose le continent africain ?

Comment se caractérisent ses secteurs d’activités économiques ?

Quelles sont les problèmes qui limitent son développement économique et quelles solutions proposées pour résorber ces différents problèmes ?  

I/  LES POTENTIALITÉS NATURELLES DE L’AFRIQUE

1 – Le relief et le sous-sol

● La relief

L’Afrique dispose de reliefs variés. Les plateaux occupent une grande partie de sa surface, avec des altitudes moyennes comprise entre 300 et 1500 mètres (les plateaux étagés de l’Afrique de l’Ouest, les hauts plateaux d’Afrique de l’Est).

On distingue aussi des plaines littorales le long des côtes africaines et des plaines intérieures (le bassin du Congo)

L’Afrique abrite des chaînes montagneuses comme l’Atlas situé dans le nord-ouest, du Maroc à la Tunisie, les montagnes de l’Est africain avec des sommets emblématiques comme le Kilimandjaro (5 895 m)

L’Afrique compte aussi des reliefs de déserts et leurs paysages uniques (le Sahara, plus grand désert chaud du monde avec des dunes impressionnantes, le Namib, plus ancien désert du monde connu pour ses dunes rouges spectaculaires).

● Le sous-sol

Le continent africain est souvent perçu comme un géant géologique. Son sous-sol, riche et varié, recèle une abondance de ressources minérales, énergétiques et stratégiques allant des hydrocarbures aux métaux rares. Les ressources énergétiques comprennent le pétrole et le gaz naturel, le charbon et l’uranium. L’Afrique dispose d’immenses gisements de métaux de base (cuivre, manganèse, bauxite, nickel, plomb etc.), de métaux précieux (or, diamant), de métaux rares (Cobalt, Coltan, Lithium) et de terres rares.

2 – Le climat, les sols et la végétation

● La climat  

L’Afrique est caractérisée par une grande diversité climatique. On distingue cinq principaux types de climats : Le climat équatorial (chaud et humide), le climat tropical (alternance saison sèche et saison humide), le climat désertique (aride et extrême), le climat méditerranéen (doux et humide), le climat montagnard (qui variable selon l’altitude).

● Les sols et la végétation

Le continent africain possède une grande variété de sols influencés par les conditions climatiques, les formations géologiques et les activités humaines. Ces sols jouent un rôle crucial dans l’agriculture et le développement socio-économique du continent. Nous avons :

♦ Les sols ferrallitiques (ou latérites) en milieu équatorial, riches et fertiles, adaptés aux cultures comme le cacao. C’est le domaine des forêts denses humides, riches en biodiversité (la forêt du bassin du Congo).

♦ Les sols ferrugineux peu profonds et moins fertiles en milieu tropical, propices aux cultures comme le coton et les céréales. C’est le domaine des forêts claires et de savanes arborées. 

♦ Les sols arides et semi-arides adaptés aux plantes résistantes à la sécheresse comme les céréales avec une végétation de savanes herbeuses propices à l’élevage.

Les sols volcaniques très fertiles et idéaux pour les cultures comme le café et les légumes. C’est le domaine des forêts d’altitude.

Les sols alluviaux riches en nutriments localisés le long des vallées des grands fleuves (Nil, Niger, Zambèze). Ils sont favorables aux cultures d’arbres fruitiers et de céréales comme le riz et le blé.

3 – Des ressources en eaux abondantes

● L’hydrographie

L’Afrique dispose de vastes ressources en eau avec de nombreux fleuves et lacs. Entre autres fleuves, nous avons :

Le Nil, long de 6 700 km est le plus long fleuve du monde. Il traverse 11 pays dont l’Égypte et le Soudan, et se jette dans la mer Méditerranée,

Le Congo, deuxième plus long fleuve d’Afrique (4 700 km) il traverse l’Afrique centrale et se jette dans l’océan Atlantique,

Le Niger long de 4 180 km traverse l’Afrique de l’Ouest, reliant le Mali, le Niger et le Nigeria avant de se jeter dans l’océan Atlantique,

Le Zambèze, avec une longueur de 2 574 km, il traverse l’Afrique australe et se termine dans l’océan Indien.  

L’Afrique abrite de grands lacs comme le lac Victoria (plus grand d’Afrique), le lac Tanganyika (un des plus profonds au monde) et le lac Tchad (en régression rapide).

● Les façades maritimes

Le continent africain est entouré par plusieurs masses d’eau qui offrent des accès stratégiques aux routes maritimes mondiales : l’océan Atlantique qui borde l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe, l’océan Indien qui borde l’Afrique de l’Est, la mer Méditerranée qui relie l’Afrique du Nord à l’Europe et la mer Rouge qui est une voie stratégique entre l’océan Indien et la Méditerranée.   

II/  LA DÉMOGRAPHIE DE L’AFRIQUE

1 – Une population en forte croissance

L’Afrique est le continent au rythme de croissance démographique le plus rapide au monde. Avec environ 1,4 milliard d’habitants en 2023, elle devrait doubler sa population d’ici 2050 selon les projections des Nations unies. Le taux de fécondité est encore élevé (les femmes ont en moyenne 4 à 7 enfants). Cette population est très jeune car près de 60 % des Africains ont moins de 25 ans. Elle fournit une main-d’œuvre abondante et dynamique, ainsi qu’un vaste marché intérieur pour les produits et services.

2 – Une diversité culturelle, facteur de développement

L’Afrique est un continent riche en diversité culturelle, avec plus de 2 000 langues parlées et une multitude d’ethnies, de traditions et de croyances. Cette diversité constitue une force et un levier pour le développement. L’art africain, qu’il soit musical, littéraire ou visuel génère des revenus importants et renforce l’identité culturelle du continent.

III/  LES SECTEURS D’ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES DE L’AFRIQUE

1 – Un secteur primaire prédominant

● L’agriculture

L’agriculture est un pilier fondamental de l’économie africaine, employant environ 60 % de la population et représentant près de 20 % du PIB du continent.  L’agriculture vivrière prédomine. Une grande partie des exploitations sont de petites tailles et destinées à l’autosuffisance (le maïs, le riz et le sorgho, l’igname, la banane, le manioc etc.)

Les produits d’exportation tels que le cacao (en Côte d’Ivoire, au Ghana), le café (en Éthiopie, en Ouganda), le thé (au Kenya), l’huile d’olive, les agrumes, les légumes frais (dans les pays du Maghreb) sont des sources importantes de revenus pour plusieurs économies. 

● L’élevage

Avec plus de 25 % des terres du continent utilisées pour les activités pastorales, l’élevage représente une ressource essentielle pour l’alimentation et les revenus de nombreuses communautés. Il y a trois grands types d’élevage en Afrique :

L’élevage extensif : Pratiqué dans les zones semi-arides comme le Sahel, il repose sur le déplacement des troupeaux (bovins, ovins, caprins) à la recherche de pâturages. Les Peuls, par exemple, sont des éleveurs nomades réputés dans cette région.

L’élevage intensif : En plein essor, notamment en Afrique du Nord et en Afrique du Sud, il se concentre sur des fermes modernes produisant du lait, des œufs et de la viande pour les marchés locaux et internationaux.

L’élevage traditionnel : pratiqué dans toutes les régions africaines, les communautés rurales élèvent souvent des chèvres et des poulets pour la consommation familiale et le petit commerce.

● La pêche

La pêche joue un rôle clé pour de nombreuses communautés africaines dans l’alimentation, l’emploi et les échanges commerciaux, en particulier pour les pays côtiers et ceux bordés par de grands lacs. 

Au niveau de la pêche maritime, les eaux atlantiques, méditerranéennes et de l’océan Indien offrent une grande richesse en poissons comme le thon, les sardines et les maquereaux.

Au niveau de la pêche continentale, les grands lacs africains et les fleuves comme abritent plusieurs espèces comme le tilapia et le capitaine pêchées par des millions de pêcheurs artisanaux.

● L’exploitation forestière

L’exploitation forestière est une activité économique majeure en Afrique, notamment dans les régions tropicales. Elle fournit des ressources précieuses comme le bois d’œuvre, le bois-énergie et divers autres produits, tout en jouant un rôle clé dans les économies locales. 

2 – Un secteur secondaire moins dynamique

Le secteur secondaire en Afrique est en développement. Son poids est encore faible dans les économies nationales (environ 10 % du PIB en moyenne), L’Afrique est riche en matières premières et en sources d’énergie, qui constituent les bases solides pour le développement industriel.

a) Les bases de l’industrie africaine

● D’abondantes matières premières

Minérales : L’Afrique est un leader mondial dans l’exploitation de matières comme l’or, le cobalt, et la bauxite, le manganèse, le phosphate etc.

Agricoles : Les cultures comme le cacao, le palmier à huile, le café, les agrumes etc. alimentent des industries locales.

Forestières : Le bois des régions tropicales alimente les industries locales du meuble et de la construction.

● Des sources d’énergie impressionnantes

Les fleuves africains offrent un potentiel d’hydroélectricité énorme pour favoriser le développement des industries. Les énergies fossiles comme le pétrole, le gaz et la houille alimentent des industries locales. Les énergies renouvelables comme l’énergie solaire au Sahel et l’éolien en Afrique du Sud prennent de l’ampleur pour soutenir l’industrialisation.

b) Les types d’industrie

On distingue trois principaux types d’industries en Afrique :

● L’industrie agroalimentaire

Les pôles agroalimentaires en Afrique :

Les pays de l’Afrique du Nord sont des leaders dans la transformation des fruits et légumes et produits de la pêche.

Les pays de l’Afrique australe comme l’Afrique du Sud disposent d’une industrie transformant viandes, vins et produits laitiers pour des marchés locaux et internationaux.

Les pays de l’Afrique de l’Ouest se concentrent sur les huileries, les brasseries, les chocolateries etc.

En transformant les produits agricoles locaux en biens de consommation, ce secteur contribue à la création d’emplois, à la sécurité alimentaire et à la réduction des importations.  

● Les industries extractives

L’industrie extractive africaine comprend les industries d’hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) dans les pays pétroliers comme le Nigeria, l’Angola, l’Algérie, la Côte d’Ivoire etc. Les industries minières sont notamment en Afrique du Sud, au Botswana, et en République démocratique du Congo, et exploitent des minerais précieux comme l’or, le diamant, le platine et le cobalt etc.

● Les industries légères

C’est la production des biens d’équipement (électroménager, machines) des biens de consommation (papier, meubles, articles de ménage, textiles, produits de beauté et d’hygiène) et matériaux de construction.  Elles sont en pleine expansion sur le continent.

● Les industries lourdes

Elles sont moins développées mais en progression. Nous avons la sidérurgie en Algérie et en Égypte, la production de ciment au Nigeria avec Dangote Cement, leader africain, les aciéries en Afrique du Sud etc.

3 – Un secteur tertiaire en progression

a) Le commerce

L’Afrique est une région fortement exportatrice de matières premières. Ses exportations sont essentiellement constituées de produits pétroliers, de produits agricoles et de produits miniers. Le continent souffre d’une faible diversification des produits exportés, le rendant vulnérable aux fluctuations des prix sur les marchés internationaux. Les importations portent beaucoup plus sur les biens d’équipement (électroménager, machines), les produits de haute technologie, les produits alimentaires et laitiers, les armes et équipements militaires.

b) Le tourisme

L’Afrique, riche de ses paysages variés, de son patrimoine culturel et de sa biodiversité unique, est une destination touristique de choix.

Au niveau du tourisme naturel, l’Afrique abrite des merveilles naturelles qui attirent des millions de visiteurs chaque année. Les parcs nationaux, comme le Serengeti en Tanzanie ou le Kruger en Afrique du Sud, offrent des safaris spectaculaires pour observer la faune emblématique du continent (lions, éléphants, rhinocéros).

Au niveau du tourisme culturel, les traditions vivantes, la musique, la danse et les sites historiques comme les pyramides de Gizeh en Égypte attirent des visiteurs du monde entier.

c) Les services

Le secteur des services, notamment les services financiers et les nouvelles technologies, est en plein boom dans certaines régions. Par exemple, le service de paiement mobile a révolutionné l’accès aux services financiers pour des millions de personnes non bancarisées. La pénétration croissante des smartphones et de l’internet stimule également les secteurs du commerce électronique et des technologies de l’information. 

III/  LES PROBLEMES DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE L’AFRIQUE ET LES SOLUTINS ENVISAGÉES

1 – Les problèmes et solutions socio-politiques

a) Les problèmes

Une grande partie de la population africaine vit encore sous le seuil de pauvreté. L’accès à l’éducation et aux soins de santé de qualité est souvent limité, particulièrement dans les zones rurales.

Des conflits internes et des instabilités politiques liés à la faiblesse des institutions politiques, à la fragilité de la démocratie en Afrique, à faible promotion des libertés individuelles et de l’état de droit, sont autant d’handicaps qui freinent le développement de nombreux pays africains.

b) Les solutions

Les Etats africains doivent investir dans l’éducation et la santé pour garantir un développement durable. La stabilisation des régimes politiques, le renforcement des institutions et l’amélioration de la gouvernance et la promotion des libertés individuelles et de l’état de droit sont nécessaires pour attirer les investisseurs et encourager un développement durable. 

2 – Au niveau du secteur primaire

a) Les problèmes

Les faibles rendements, les techniques et méthodes agricoles traditionnelles et les infrastructures inadéquates freinent le secteur agricole.

L’élevage est confronté à des défis tels que la sécheresse, les conflits pour l’accès aux terres et les maladies animales.

La surpêche, la pollution et les accords internationaux déséquilibrés avec des flottes étrangères fragilisent la filière pêche africaine.

L’exploitation forestière intensive entraîne la déforestation et la perte de la biodiversité.

b) Les solutions

Les initiatives telles que l’utilisation de semences améliorées,  la mécanisation agricole et la modernisation des techniques agricoles peuvent favoriser une agriculture durable et productive.

Au niveau de l’élevage, des initiatives comme la modernisation de l’élevage avec le suivi vaccinal et vétérinaire, l’introduction de races résistantes permettront de redynamiser le secteur.

Dans la filière pêche, le développement de l’aquaculture et des politiques de gestion durable des activités (réglementer les filets, définir des saisons de pêche) renforceront la performance du secteur.

Au niveau de l’exploitation forestière, les initiatives comme la gestion durable des forêts à travers les campagnes de sensibilisation et les projets de reboisement sont des solutions prometteuses.

3 – Au niveau du secteur secondaire

a) Les problèmes

·       La faible transformation locale des matières premières

·       Les industries extractives sont source de la dégradation environnementale et de conflits

·  La concurrence internationale et le manque de technologies avancées.

b) Les solutions

Transformation sur place des produits africains

Promotion de l’industrie lourde et de pointe au niveau continental

4 – Au niveau du secteur tertiaire

a) Les problèmes

  • Faible niveau de commerce  intra-africain
  • L’insuffisance d’infrastructures (ports, routes, chemins de fer).
  • La dépendance excessive aux exportations de matières premières.
  • Les problèmes de sécurité dans certaines régions qui plombent le tourisme.
  • L’incivisme fiscal, la fraude en ligne et la cybercriminalité entravent le développement économique de l’Afrique

b) Les solutions

Promotion de l’intégration  continentale pour accroître le marché intra-africain ; 

Créer des zones de libre-échange comme la ZLECAf (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine) pour dynamiser les échanges interafricains ; 

Renforcer la construction des infrastructures de communication et de télécommunication ; 

Régler les conflits et créer un climat de paix et de sécurité pour mieux promouvoir le développement durable ;

Lutter contre l’incivisme fiscal, la fraude en ligne et la cybercriminalité.

CONCLUSION

L’Afrique dispose d’immenses potentialités naturelles et humaines qui, bien exploitées, peuvent conduire à un développement économique durable. Toutefois, le continent reste confronté à de nombreux défis dans divers domaines. Les efforts des Etats africains doivent porter sur la diversification de l’économie, l’amélioration des infrastructures, l’éducation, la promotion de la paix et de la stabilité pour permettre à l’Afrique de s’affirmer pleinement sur la scène mondiale.

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