La CEDEAO une organisation régionale à caractère économique


Introduction

A partir de 1960, de nombreux pays africains acquièrent leur indépendance mais restent largement fragiles au plan politique, économique et militaire. Les États ouest africains qui s’inscrivent en général dans cette dynamique vont vite percevoir la nécessité stratégique de se regrouper au sein d’une organisation sous régionale. C’est donc dans cette optique que sera créée la CEDEAO le 28 mai 1975 à Lagos au Nigeria.

I- PRESENTATION DE LA CEDEAO

1) Les Etats membres de la Communauté

La CEDEAO compte quinze États membres :

Huit États francophones : la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le mali, le Niger, le Sénégal et le Togo ;

Cinq pays anglophones : la Gambie, le Ghana, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone ;

Deux États lusophones : le Cap-Vert et la Guinée-Bissau.

Il faut rappeler que la Mauritanie, membre fondateur de la Communauté s’est retirée de cette organisation en 2000.

2) Les objectifs et les principes de la CEDEAO

Le but de la CEDEAO est de « promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une Union économique de l’Afrique de l’Ouest en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre les États Membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain » ; en d’autres termes, elle entend engager :

  • La suppression des barrières douanières entre les États membres
  • La libre circulation des personnes, des biens et des capitaux
  • La création d’une monnaie commune
  • La construction d’infrastructures routières et de télécommunication régionales
  • L’harmonisation des politiques agricoles, industrielles et énergétiques

Dans la poursuite des objectifs énoncés, les États membres affirment et déclarent solennellement leur adhésion aux principes fondamentaux suivants :

  • Égalité et interdépendance des États membres;
  • Solidarité et autonomie collective ;
  • Coopération inter-États, harmonisation des politiques et intégration des programmes;
  • Non-agression entre les États membres;
  • Maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionale par la promotion et le renforcement des relations de bon voisinage ;
  • Règlement pacifique des différends entre les États membres, coopération active entre pays voisins et promotion d’un environnement pacifique comme préalable au développement économique ;
  • Respect, promotion et protection des droits de l’Homme et des peuples conformément aux dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
  • Transparence, justice économique et sociale et participation populaire au développement;
  • Reconnaissance et respect des règles et principes juridiques de la Communauté;
  • Promotion et consolidation d’un système démocratique de gouvernement dans chaque État membre
  • Répartition juste et équitable des coûts et des avantages de la coopération et de l’intégration économiques.

II- LE FONCTIONNEMENT DE LA CEDEAO

1. Structure de gouvernance et principales Institutions

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est composée de trois grandes instances : l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire.

a) L’exécutif comprend les principales institutions suivantes :

La Conférence des chefs d’État et de gouvernement. C’est l’organe suprême de décision de la CEDEAO qui donne les orientations générales à la bonne marche de l’organisation. Le Président de la Conférence est le Président en exercice désigné par les autres chefs d’État et de gouvernement pour gérer les affaires de l’organisation pour une période d’un an. L’actuel Président de la Conférence est SEM (Président)

Le Conseil des Ministres. Il fait des recommandations sur la conduite de la conférence des chefs d’État et de gouvernement. Le ministre chargé des affaires de la CEDEAO dans le pays du Président de la Conférence devient automatiquement le Président du Conseil des ministres. Et ce pays préside toutes les autres réunions statutaires (ministérielles, experts, comme les comités techniques) de la CEDEAO pendant l’année en cours.

La Commission de la CEDEAO. Elle assure l’administration quotidienne de l’organisation. Son président est nommé par la Conférence pour une période non renouvelable de quatre ans. Il est assisté d’un Vice-président et de 13 Commissaires. L’actuel Président de la Commission est.

b) L’organe législatif de la Communauté est le Parlement, qui est dirigé par un Président. En attendant les élections au suffrage universel direct, les parlementaires sont détachés des Parlements nationaux au Parlement de la Communauté pour une période de quatre ans. Il est habilité à examiner entre autres, les questions relatives aux droits de l’homme et des libertés fondamentales des citoyens.

c) L’organe judiciaire de la Communauté est la Cour de justice, qui est également dirigée par un Président. Les juges sont détachés des Cours suprêmes nationales pour occuper les postes réservés aux pays. La Cour veille à l’interprétation et à l’application des lois, des protocoles et des conventions de la Communauté.

2) Les Institutions secondaires de la CEDEAO

• Le Conseil Économique et Social

Il a un rôle consultatif et est composé des représentants des différentes catégories d’activités socioprofessionnelles des États membres.

• La Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC)

La Bidc a pour objet entre autres d’accorder des prêts et garanties pour le financement des projets et programmes d’investissement dans les États membres, de mobiliser à l’intérieur et hors de la Communauté des ressources destinées au financement de ses projets et programmes d’investissement, de gérer tous les fonds spéciaux de la Communauté relatifs à son objet. Son siège est à Lomé au Togo

• L’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) :

Elle a pour objectif d’offrir le niveau le plus élevé en matière de prestation de soins de santé aux populations de la sous-région sur la base de l’ harmonisation des politiques des États membres, de la mise en commun des ressources et de la coopération entre les États membres et les pays tiers, en vue de trouver collectivement et stratégiquement des solutions aux problèmes de santé de la sous-région. Le siège est à Bobo-Dioulasso (Burkina-Faso)

• Le Groupe inter-gouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest (GIABA).

Entre autres missions, il est chargé de protéger les économies nationales et les systèmes financiers et bancaires des États signataires contre les produits du crime / combattre le blanchiment des produits du crime et le financement du terrorisme. Son siège est à Dakar au Sénégal.

3) Les Commissions techniques de la CEDEAO

• Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO). Le siège est à Freetown en Sierra Leone ;

• Institution Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO). Le siège est à Accra au Ghana ;

• Unité de Coordination des Ressources en Eau (UCRE). Le siège est à Ouagadougou au Burkina-Faso ;

• Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation (ARAA). Le siège est à Lomé au Togo ;

• Autorité de Régulation Régionale du secteur de l’Electricité de la CEDEAO (ARREC). Le siège est à Accra au Ghana ;

• Centre pour les Energies Renouvelables et l’Efficacité Energétique de la CEDEAO(CEREEC). Le siège est à Praia au Cap-Vert ;

• Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain (EEEOA). Le siège est à Cotonou au Bénin ;

Carte Brune de la CEDEAO. Le siège est à Lomé au Togo ;

• Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG). Le siège est à Dakar au Sénégal ;

• Centre de développement de la Jeunesse et Sports de la CEDEAO (CDJSC). Le siège est à Ouagadougou au Burkina-Faso ;

• L’Unité de Préparation et de Développement des Projets d’Infrastructure de la CEDEAO (UPDPD). Le siège est à Lomé au Togo.

III- POTENTIALITES ET BILAN DES ACTIONS DE LA CEDEAO

1. Les potentialités de l’espace CEDEAO

La CEDEAO est une vaste région aux immenses potentialités naturelles. Le sous-sol est riche en ressources minières (phosphate, fer, bauxite, manganèse, or, diamant, nickel, uranium…) et en hydrocarbures (pétrole et gaz naturel). La diversité climatique favorise une grande variété de sols, propices à de nombreuses cultures agricoles (Cacao, café, coton, arachide, hévéa, riz, palmier à huile, féculents, céréales, cultures maraîchères et fruitières etc.).

La couverture forestière, estime à plus de 70 millions d’hectares est un véritable atout pour les activités sylvicoles. La CEDEAO dispose aussi de vastes superficies propices aux activités pastorales surtout dans les pays sahéliens comme le Mali et le Niger. Les ressources en eaux continentales abondantes sont des atouts pour les activités de pêche, de transport, de production d’hydroélectricité, d’irrigation, de tourisme etc. La longue façade maritime sur l’océan Atlantique favorise aussi les activités portuaires, touristiques, halieutiques et d’exploitation d’hydrocarbures. La situation géographique de l’espace CEDEAO offre de d’importantes surfaces pour la production d’énergie photovoltaïque.

Enfin, la population de cet espace, estimée à plus de 300 millions d’habitants est un vaste réservoir de main-d’œuvre mais aussi un grand marché de consommation. La diversité ethnique et culturelle est également un véritable atout touristique dont bénéficie l’espace.

2) Les réalisations de la CEDEAO

  • La possibilité de voyager sans visa dans la CEDEAO est acquise depuis 1986 pour les ressortissants de la communauté et le droit de résidence se pratique maintenant dans plusieurs pays ;
  • L’intégration culturelle est de plus en plus effective et se traduit aussi par l’organisation d’événements comme MISS CEDEAO, la coupe UFOA etc. ;
  • Médiations assez productives de la CEDEAO dans la résolution de plusieurs conflits dans la sous-région ;
  • Condamnation unanime et suspension de la CEDEAO des régimes anticonstitutionnels, ce qui permet de ramener la stabilité politique et l’ordre constitutionnel ;
  • Intervention militaire de la CEDEAO pour la stabilisation des pays en guerre comme ce fut le cas au Mali et récemment en Gambie ;
  • Des résultats positifs ont été enregistrés dans le domaine des interconnexions électriques et routières ;
  • Les barrières douanières sont progressivement levées sur certains produits pour faciliter les échanges commerciaux intra-communautaires ;
  • La création d’un chèque de voyage CEDEAO en juillet 1999 pour faciliter les opérations de commerce et de paiement dans l’espace ;
  • Application du Tarif Extérieur Commun (TEC) qui harmonise les politiques douanières de l’espace ;
  • Un autre instrument de promotion du commerce intra régional adopté par la CEDEAO est le Schéma de Libéralisation des Echanges de la CEDEAO (SLEC). Il supprime les obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce entre les pays de la région en encourageant les produits fabriqués localement à entrer en concurrence avec les produits importés.

3) Les entraves à l’intégration de la CEDEAO

  • Le processus d’intégration régionale est limité par le nationalisme prépondérant des États membres ;
  • Faiblesse du système sanitaire régional ;
  • Les ressources financières dont dispose la CEDEAO sont très insuffisantes car plusieurs États sont en retard de leurs cotisations ;
  • La diversité des monnaies entrave non seulement les échanges intra-communautaires, mais aussi le processus d’intégration sous régionale ;
  • Les infrastructures de communication et de télécommunication dans la sous-région sont insuffisantes, vétustes et inadaptées ;
  • Faible niveau d’échanges intracommunautaires (12 – 15 %) ;
  • Les troubles sociopolitiques liés aux coups d’état, aux élections et modifications constitutionnelles anti-démocratiques affaiblissent les efforts d’intégration de la CEDEAO ;
  • Les tensions interétatiques perturbent les programmes d’intégration régionale ;
  • La montée des mouvements terroristes (Boko Haram – Aqmi) et la criminalité transfrontalière compromettent les efforts d’intégration politique et économique de la CEDEAO.

Conclusion

Malgré ses nombreuses faiblesses structurelles, la CEDEAO dispose d’impressionnantes potentialités naturelles et humaines et enregistre des actions positives dans la sous-région ouest-africaine. Pour accélérer le processus d’intégration, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes destinés à promouvoir les vertus de l’intégration régionale et à encourager les gouvernants à harmoniser leurs politiques de développement national avec les objectifs assignés à la CEDEAO.

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3 réflexions au sujet de « La CEDEAO une organisation régionale à caractère économique »

  1. Quel sont les solutions pour la bonne marche de cette organisation de la CEDEAO

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