Les fondements du développement économique de la Corée du Sud


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Introduction

La République de Corée (Corée du Sud) occupe la moitié sud de la péninsule coréenne. A l’ouest, de l’autre côté de la mer jaune, se trouve la Chine. Le Japon est situé à l’est, de l’autre côté de la mer de l’Est. La République Populaire Démocratique de Corée (Corée du Nord) occupe la moitié nord de la péninsule. Avec une superficie de 98,480 km² et une population estimée à plus de 51 millions d’habitants, la Corée du Sud est divisée administrativement en 9 provinces et 6 villes métropolitaines. Sa Capitale est Séoul. Membre de l’OCDE et du G20, la Corée du Sud en 2019 était classée 11ème économie mondiale.

Comment se présente le territoire sud-coréen ? Quelle est l’importance des ressources humaines dans le développement et quelle est la politique économique mise en place par les autorités coréennes pour promouvoir le développement ?

I. UN TERRITOIRE RESTREINT AUX POTENTIALITÉS NATURELLES VARIABLES

1- Un relief à tendance montagneux

La péninsule coréenne apparaît comme un pays essentiellement montagneux (composé à 70% de montagnes). Une grande chaîne de montagnes, court tout le long de la côte Est, la chaîne du Taebaek. Des chaînes secondaires de montagnes dont celle de Sobaek et de Kwangju s’allongent vers le Sud-Est. Le Mont Seoraksan localisé dans le massif de Taebeak est l’un des plus pittoresques sites touristiques protégé par la biosphère de l’Unesco.

À 100 km au sud de la péninsule, l’île de Jeju-do abrite le plus haut sommet du pays (le Halla-san qui cumule à près de 1950 m). C’est une curiosité car elle présente un relief volcanique unique au cœur d’une végétation luxuriante. Les plaines qui occupent moins du cinquième de la superficie du pays, sont concentrées principalement le long du littoral occidental et méridional avec de forte densités humaines.

2- Un climat fortement contrasté

Si le pays est régi par les 4 saisons classiques, des spécificités climatiques existent dans la péninsule. En effet, par sa position géographique, la Corée est principalement caractérisée par un climat continental. L’été et l’hiver sont des saisons rudes tandis que le printemps et l’automne sont plus modérés en termes de température et de météo. L’hiver (de décembre à mars) est froid et sec. Les températures moyennes descendent et peuvent varier entre -5°C et 5°C. L’été qui s’étale de juin à septembre contraste avec l’hiver car les températures sont plus chaudes (20°C à 26°C) avec d’abondantes précipitations du fait de la mousson. Par contre, les deux autres saisons, le printemps et l’automne qui se déroulent respectivement d’avril à juin et d’octobre à décembre sont des saisons neutres (relativement sec avec un beau temps), propices aux activités touristiques.

Les particularités climatiques sont les sécheresses (qui sévissent périodiquement) et les typhons qui frappent régulièrement la péninsule, provoquant d’impressionnantes inondations dans les fleuves et rivières. Ce climat influence fortement les types de végétation.

3- Une végétation en pleine mutation

La végétation présente sur l’ensemble du territoire coréen est une végétation de climat tempéré, caractérisée par des forêts de conifères (pins, sapins) et d’arbres à feuilles caduques (Chêne blanc oriental, érables, peupliers etc.). Dans les hautes montagnes, nous avons une végétation constituée de conifères en raison des températures plus froides alors que les plaines côtières du sud sont couvertes de forêts de bambous, de lauriers et de chênes verts.

Dans le passé, en particulier durant la première moitié du XXe siècle, les forêts du pays ont subi une sévère dégradation. Les principales causes des pertes de superficies forestières sont liées aux guerres, au défrichement à grande échelle et l’exploitation des ressources forestières pour l’approvisionnement en nourriture et combustible. Durant l’occupation japonaise, près de 80% de la forêt a été détruite sur l’ensemble de la péninsule coréenne. Aujourd’hui, ces superficies détruites ont été régénérées grâce à un vaste programme de reforestation engagé par l’État à partir de 1945. 30% de la superficie forestière totale consiste aujourd’hui en plantations d’origine humaine. Non seulement cette activité de plantation a contribué à l’approvisionnement en bois de feu et à l’expansion de la superficie forestière nationale, mais elle a apporté de multiples avantages écologiques (comme la conservation de la biodiversité et la lutte contre l’érosion) et économiques. Des espèces d’arbres fruitiers à haute valeur marchande, comme le châtaignier d’Amérique et des espèces pour la production de bois, telles que le mélèze du Japon, le pin de Corée et le cyprès du Japon, ont également été plantées.

4 – D’insuffisantes ressources minières et énergétiques

En 1948, la division de la Corée a opéré un partage inégal des ressources minières, favorisant la Corée du Nord. La Corée du Sud possède quelques gisements de houille d’argent, de zinc, de tungstène, de fer et de kaolin dont le poids économique est négligeable.

5 – Des ressources en eau variées, propices au développement

L’hydrographie sud-coréenne est liée de près au relief car les principaux cours d’eau prennent naissance au cœur des plus hautes montagnes du pays. En conséquence, la plupart des cours d’eau terminent leur course dans la mer Jaune et, au sud, dans le détroit de Corée. Le pays possède cinq grands fleuves qui sont : le Nakdong (le plus long fleuve de la Corée du Sud avec 510 km), le Han, le Geum, le Seomjin et le Yeongsan. Mais il y a aussi de nombreux cours d’eau de petite ou moyenne tailles, comme par exemple l’Anseong et le Sapgyo.

La Corée compte actuellement plus de 17000 barrages et réservoirs. Les petites retenues agricoles sont majoritaires. Le « Projet d’aménagement des quatre grands fleuves » (Han, Nakdong, Geum et Yeongsan) a été initié dans le but de sécuriser les ressources en eau, d’améliorer leur qualité et de développer l’économie des loisirs.

Bordée par la Mer Jaune et la Mer Orientale (Mer du Japon), la Corée du Sud dispose de 2 413 km de littoral. L’exploitation de ces diverses ressources en eau renforcent le potentiel du développement économique à travers les activités portuaires, d’hydroélectricité, de pêche, industrielles, de loisirs, d’irrigation de cultures, de navigation etc.).

 

 

II. LE CAPITAL HUMAIN, UN FACTEUR FONDAMENTAL DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

1- Une population dynamique mais vieillissante

Pays développé avec une population estimée à 51 millions d’habitants, la Corée du Sud dispose d’indicateurs de développement socio-économiques très performants : 

— Croissance démographique : -0,24% / an

— Taux de natalité : 0,59%

— Taux de mortalité : 0,57%

— Espérance de vie : 82 ans

— Taux d’alphabétisation : 100%

— Taux de chômage : 4,9%

Si les indicateurs sociaux de la Corée du Sud présentent une société avec un niveau de vie exceptionnellement édifiante, il convient de relever que la baisse démographique continue commence à impacter l’activité économique avec le vieillissement de la main-d’œuvre.

Au niveau religieux, la société coréenne se compose ainsi : Bouddhisme (46%), protestantisme (39%), catholicisme (13%). La pratique du confucianisme (doctrine philosophique et religieuse du philosophe chinois Confucius) et ses valeurs ont permis d’inculquer et de perpétuer les notions de priorité au groupe, du respect de la hiérarchie, du dévouement et de l’engagement dans le travail.

 

2- L’éducation et la formation, piliers du développement

La faiblesse du capital physique de la Corée du Sud contraste avec la vitalité de son capital humain. En effet, dépourvue de ressources naturelles, le pays a fait le choix d’optimiser son capital humain. Pour les différents dirigeants, le développement du système éducatif doit précéder le développement économique du pays.

La « révolution éducative » a commencé dès la libération du pays en 1945. Bénéficiant déjà de l’expérience acquise au cours de la colonisation japonaise (1910-1945), les Coréens du Sud, sous l’influence des États-Unis et sous l’impulsion des présidents Syngman Rhee (1948-1960) et Park Chung-hee (1963-1979), ont massivement investi dans l’éducation. 4,5% du PIB sont consacrés aux dépenses de l’éducation. Ainsi, le taux d’alphabétisation de 22 % en 1945 est passé à près de 88 % en 1970).

Cette politique d’éducation d’excellence a joué un rôle clé dans l’amélioration de la qualité des ressources humaines et largement contribué au développement économique. La démocratisation de l’éducation et l’accès pour tous à l’enseignement supérieur ont permis à la Corée du Sud de former ses propres cadres dirigeants qui sont aujourd’hui à la tête des principales multinationales du pays.

III. LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE SUD-CORÉENNE

1- La Corée du Sud et l’influence extérieure

Libérée de la colonisation japonaise en août 1945, la péninsule coréenne devient rapidement une victime géopolitique entre deux superpuissances, les États-Unis et l’Union Soviétique désirant désarmer les troupes japonaises. C’est le début de la guerre de Corée, qui se transforme rapidement en un conflit international. Le 15 août 1948, la moitié sud de la péninsule est proclamée République de Corée avec le soutien des États-Unis. Nation indépendante, elle se fonde sur les principes démocratiques et l’économie libre de marché. Dans le contexte géopolitique de la Guerre froide et de la lutte contre le communisme, les États-Unis, pour limiter l’avancée régionale de puissances telles que la Russie et la Chine, deviennent un des alliés principaux de la Corée du Sud. Ils lui assurent une protection militaire et un soutien économique massif sous forme de subventions et de prêts. A titre d’exemple, entre 1953 et 1961, l’aide américaine représente 8 % du PNB et 64 % des investissements. Sur cette même période, 70% des importations sont américaines. Malgré l’énormité de l’aide américaine, la Corée du Sud ne se redresse pas avant 1957.

2- Un État-développeur dominant

À la sortie de la guerre de Corée en 1953, la Corée du Sud, particulièrement affaiblie, se trouve dans un contexte de compétition globale avec une double contrainte : la première, interne, celle de la reconstruction du pays dévasté par la guerre. La seconde, celle de l’offensive économique sur le terrain international.

Pratiquant une économie libre de marché, la Corée du Sud adopte un modèle de développement unique basé sur la mise en place par étapes successives, de plans quinquennaux, de planifications et des orientations économiques impulsés par les dirigeants. Malgré la libéralisation de l’économie, l’État conserve un rôle de stratège pour identifier les filières d’avenir et mettre en œuvre sa politique économique. Il va procéder ainsi à la création de grandes institutions publiques. A titre d’exemple, dès 1961, l’État crée un Bureau de planification économique chargé de concevoir les grandes directions du développement afin de maîtriser les progrès de l’industrialisation dans le cadre d’une stratégie globale.

En 1971, le gouvernement fonde par une loi spéciale le Korea Advanced Institute of Science and Technology (KAIST) afin de développer la recherche scientifique et la formation technologique, faisant appel dans un premier temps à des professeurs et chercheurs de haut niveau formés aux États-Unis.

Ce train de réformes est aussi marqué par une politique commerciale nettement tournée vers les marchés extérieurs (subventions à l’exportation accordées sous forme de prêts à taux d’intérêt réduit, exemptions partielles d’impôts sur les bénéfices et exonérations de taxes sur les matières premières importées destinées à fabriquer des produits d’exportation) et par une politique monétaire axée sur la mobilisation de l’épargne intérieure.

Les autorités politiques, tout en définissant les choix économiques majeurs facilitent également la structuration de l’économie par de grands conglomérats appelés les Chaebols. Ce sont des regroupements d’entreprises (souvent à caractère familial) de domaines variés, disposant d’une puissance et d’un rayonnement économiques très importants à l’échelle nationale et internationale.

3- Les grandes phases de développement de la Corée du Sud

Le développement économique de la Corée du Sud est caractérisé par trois principales phases entre 1953 et 1980 :

► Une phase de substitution aux importations (1953 et 1961)

La première phase du développement s’inscrit dans la dynamique de la reconstruction de la Corée après l’armistice de 1953. Syngman Rhee met en place une politique primaire de substitution d’importation : ce processus, fondé essentiellement sur la production locale de biens de consommation non durables et sur l’industrie manufacturière légère, engendra une croissance économique modérée. Il s’agissait d’activités à haute intensité de main-d’œuvre peu qualifiée proche de l’artisanat. Les secteurs d’activités concernés sont en premier lieu l’agriculture, en particulier le développement des « trois blancs » (coton, sucre, farine), mais également la pêche, l’industrie agro-alimentaire. On assiste progressivement à la mise en place d’une industrie de la confection, puis de tissage, de production de fils et de biens d’équipement.

► Une phase d’exportation audacieuse (1961-1973)

À partir des années 1960, les autorités politiques redéfinissent la politique économique sud-coréenne en fondant la croissance économique du pays sur une politique de promotion d’exportations à partir des industries mises en place lors de la première phase de substitution d’importations. Les produits des industries légères (textiles, vêtements et chaussures) font l’objet d’exportation massive. La normalisation des relations diplomatiques entre le Japon et la Corée du Sud, l’adoption de nombreuses réformes destinées à libéraliser le commerce et à favoriser les flux d’exportation accentuent cette nouvelle politique dont les résultats s’avèrent spectaculaires : de 1960 à 1977, les exportations passent de 3.3% du PNB en 1960 à 48% en 1977 et les exportations manufacturières qui ne représentaient que 1% de la valeur ajoutée des industries manufacturières en 1960, représentent 96% de cette même valeur ajoutée en 1977. Cette période correspond à un tournant économique pour le pays, qui mènera à ce qu’on appelle le « Miracle du fleuve Han ».

► La phase des industries lourdes (1973-1980)

A partir du début des années 1970, la Corée du sud effectue un redéploiement industriel vers des marchés jugés porteurs au niveau mondial. Sous l’impulsion du général Park Chung-Hee, des investissements massifs sont faits dans les infrastructures nécessaires à l’industrialisation lourde et de grands parcs industriels ont été construits. Des systèmes de formation pour fournir des ingénieurs et des ouvriers qualifiés et des institutions de recherches ont été mis en place dans cette dynamique. Une étroite coopération entre l’État et les Chaebols (comme Samsung dans l’électronique et la Pohang Iron and Steel Company ou POSCO dans la sidérurgie) qui sont devenus un instrument efficace dans la stratégie de développement industriel a également conduit à la promotion de l’industrie lourde et chimique. Comme résultat de cette politique, l’industrie lourde qui ne représentait que 25% de l’industrie manufacturière en 1962 en représentait 55% en 1979).

► La phase des industries de pointe (Depuis 1980)

Depuis les années 1980 à 1990, l’industrie sud-coréenne renforce ses capacités de production dans deux secteurs : l’automobile et l’électronique grand public, faisant de ce pays, un des leaders à l’échelle mondiale dans ces domaines.

Conclusion

Pays à la géographie plus ou moins contraignante et contrastée, la Corée du Sud longtemps soumise aux occupations et aux influences étrangères a fini par se forger un modèle de développement économique unique depuis 1953. Les planifications et orientations économiques audacieuses, la priorité absolue accordée au développement du capital humain à travers l’éducation et la formation, l’étroite collaboration entre l’État et le secteur privé ont permis à la Corée du Sud de s’industrialiser de façon fulgurante et de s’imposer sur la scène internationale comme une puissance économique stratégique.

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4 réflexions au sujet de « Les fondements du développement économique de la Corée du Sud »

  1. Sujet les fondement naturels et humains du développement économique de la Corée du Sud

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