Tout savoir sur l’ECO, la monnaie de la CEDEAO

la monnaie eco

SIX(6) QUESTIONS-RÉPONSES POUR COMPRENDRE L’ECO, LA MONNAIE DE LA CEDEAO 

1ère QUESTION : QUELLE EST LA SITUATION MONÉTAIRE DE L’ESPACE CEDEAO?

La « géographie monétaire » de la CEDEAO présente deux grandes zones monétaires :

a) L’UEMOA

 Le Franc CFA, monnaie de l’UEMOA

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine, formée par les 8 pays de la zone Franc : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée –Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.  La France assure le maintien de la parité fixe entre l’euro et le Franc CFA (1 EUR = 655,957 FCFA), ainsi que la garantie d’une convertibilité illimitée du Franc CFA en euro.

b) LA ZMAO

ZMAO : Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest. Elle regroupe la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone. Ces pays ont des monnaies nationales inconvertibles dont le taux de change par rapport au dollar ou à l’euro est plus ou moins administré.

A retenir : Le Nigeria, première puissance économique africaine, représente plus de la moitié de la population de la CEDEAO et environ 70 % de son PIB.

La monnaie du Nigeria : le Naira


c)  LE CAP-VERT

L’Escudo, la monnaie du Cap-Vert

Le Cap-Vert a une monnaie nationale (Escudo) qui est arrimée à l’euro par une parité fixe (1 EUR = 110,265 CVE). Sa convertibilité est garantie par le Portugal.

La convertibilité se définit par la possibilité d’échanger librement la monnaie du pays contre des devises étrangères, favorisant ainsi une meilleure intégration dans l’économie mondiale. Dans les 15 pays de la région Afrique de l’Ouest, les huit monnaies utilisées sont pour l’essentiel, non convertibles. Les taux de change dans la région sont relativement volatiles (instables)

2ème QUESTION : POURQUOI LA NÉCESSITÉ DE CRÉER UNE MONNAIE COMMUNE DANS L’ESPACE CEDEAO?

Le projet de création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest débute le 1er juin 1983. A cette date, les chefs d’État de la Cedeao réunis à Conakry, en Guinée, émettent pour la première fois l’idée d’une union monétaire pour régler les problèmes de paiements au sein de la zone. Quatre ans plus tard, ils adoptent à Abuja, au Nigeria, un programme de coopération monétaire devant conduire à la création d’une monnaie unique.

Dans le contexte monétaire international actuel, une monnaie unique dans la CEDEAO offrirait aux pays d’Afrique de l’Ouest la possibilité de mutualiser leurs moyens monétaires afin de poursuivre leurs objectifs communs et individuels. Une intégration monétaire permettrait de résoudre le problème de la multiplicité des monnaies et de la variabilité des taux de change qui affectent le commerce intra régional.

Autre raison justifiant la nécessité de la création d’une union monétaire, c’est qu’aucun pays y compris le géant nigérian, ne peut résoudre seul, dans le contexte actuel de la mondialisation, les problèmes monétaires de l’espace CEDEAO. Une intégration monétaire régionale contribuerait de manière substantielle à rechercher des solutions optimales et pragmatiques aux dysfonctionnements qui entravent la compétitivité et les performances économiques des pays Ouest-africains.

3ème QUESTION : POURQUOI LE CHOIX DU NOM ECO ?

Le choix du nom ECO résulte d’un appel à projet lancé par les autorités de la CEDEAO. Plusieurs critères ont été définis pour le choix du nom de la nouvelle monnaie :

  • L’identité de la CEDEAO : 40%
  • La signification : 25%
  • La facilité de la prononciation : 20%
  • La créativité : 15%

À l’issue des présélections, ECO a devancé au  choix deux autres propositions (Afri et Kola), sur l’ensemble des 13 propositions qui ont été présentées. Finalement, le nom ECO a été adopté le 29 juin 2019 par la Conférence de la CEDEAO à Abuja au Nigeria. Le symbole de la monnaie est EC. La banque centrale sera dénommée : la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCAO).

4ème QUESTION : QUELS SONT LES CRITERES DE CONVERGENCE DÉFINIS POUR LA CRÉATION DE L’ECO ?

Les critères de convergence se définissent comme des indicateurs économiques que doivent respecter les pays membres de la Communauté pour faciliter la mise en place de la monnaie commune. Ils doivent permettre de réduire les profonds déséquilibres économiques entre les économies des États de l’Union.

Les principaux critères de convergence définis pour la création de l’ECO sont :

  • L’inflation doit être contenue sous la barre de 10%
  • Le déficit budgétaire doit rester sous le seuil de 3% du PIB
  • Une dette inférieure à 70% du PIB

5ème QUESTION : LA CONVERGENCE EST-ELLE UNE CONDITION INDISPENSABLE OU UN OBJECTIF À LA CRÉATION DE L’ECO ?

Plusieurs études et exemples d’intégration monétaire ont prouvé que la convergence des économies ne doit pas être une condition nécessaire à la participation d’un pays à la monnaie unique.

Premièrement, la création d’une zone monétaire est d’abord la conséquence d’un compromis politique et de décisions collégiales engageant des gouvernements à veiller mutuellement à ce que leurs politiques économiques ne divergent pas trop. La zone euro est un exemple.

Deuxièmement, les zones monétaires optimales n’ont pas d’existence réelle car l’expérience a démontré que les zones monétaires optimales et homogènes n’ont jamais réellement existé et n’existeront probablement jamais. Des divergences importantes seront toujours observées dans les  structures économiques des États.

La troisième raison est que le choix politique d’adopter une monnaie unique, y compris dans le cas où les pays ne respectent pas tous les critères de convergence, peut déclencher des forces endogènes qui réduiront progressivement l’hétérogénéité macroéconomique et structurelle entre pays.

Quatrièmement, l’atténuation de la volatilité des taux de change (avec la monnaie commune), peut stimuler le commerce régional. Elle favorisera aussi l’émergence d’une grande zone financière (par la fusion des marchés boursiers et une harmonisation dynamique des flux transfrontaliers bancaires) ; ce qui va attirer davantage d’investissements dans la zone CEDEAO.

En définitive, fonder l’adoption de l’ECO sur le seul respect des critères de convergence peut demander beaucoup de temps, voire conduire à repousser indéfiniment la mise en place de la monnaie unique. La convergence des critères doit donc être un objectif dans la dynamique de la création de l’Union monétaire et non une condition nécessaire.

6ème QUESTION : QUELLES ATTITUDES DES CITOYENS DE LA CEDEAO À L’ADOPTION DE L’ECO ?

Les populations doivent être largement informées des enjeux de l’ECO afin de recueillir leur pleine adhésion car son introduction dans la CEDEAO impliquera inévitablement des changements et des adaptations dans leur vie.

Les citoyens doivent donc comprendre le principe du développement :

L’introduction de l’ECO comme monnaie  n’entrainera pas de façon systématique la fin des dérives comportementales des citoyens, ni la prospérité économique immédiate de l’espace CEDEAO. 

Les détournements de deniers publics;

la corruption; la fraude,

l’incompétence, les recrutements par affinité,

la gabegie, le clientélisme, l’impunité,

l’incivisme fiscal, l’évasion fiscale, les biens mal acquis  etc.

sont des maux de société dont la résorption ne sera pas liée à la circulation de la nouvelle monnaie ECO.

Les citoyens de la CEDEAO doivent :

  • Faire la différence entre la politique économique et la politique monétaire.
  • Savoir qu’on peut être propriétaire de sa monnaie et ne pas l’être de son économie.

Les citoyens doivent aussi comprendre que : c’est la promotion de la qualité de nos ressources humaines dans les différents segments de la société et de la vie économique qui va déterminer la performance et le dynamisme de notre Communauté. Au-delà de l’engouement et de la passion que suscitera l’émission de cette nouvelle monnaie ECO, les citoyens doivent absolument bien comprendre que notre émergence économique nécessitera impérativement que nous ayons au sein de l’espace communautaire CEDEAO :

  • Une constante stabilité sociopolitique et institutionnelle
  • De meilleurs systèmes éducatifs
  • De meilleurs systèmes de santé
  • Des dispositifs de défense et de sécurité opérationnels et efficaces
  • La promotion de Champions nationaux et sous régionaux dans l’Industrie et les Services 
  • Un investissement massif dans la Recherche & Développement
  • La consommation de ce que nous produisons et la production de ce que nous consommons.

Les citoyens doivent savoir qu’une bonne gouvernance politique est un impératif à tout développement économique durable. C’est pourquoi il est impérieux d’asseoir dans chaque État membre, des politiques démocratiques participatives, inclusives et transparentes. Il faut mettre en place des institutions politiques fortes qui respectent la primauté du droit et qui facilitent l’existence d’une société civile diversifiée, autonome et dynamique capable de formuler les intérêts des populations et de demander activement des comptes aux gouvernants.

En définitive, la nouvelle monnaie ECO ne sera pas la panacée ou l’ultime catalyseur de l’émergence et du développement de notre espace communautaire.

  • Le développement du capital humain (santé, éducation, formation…),
  • La promotion du droit et civisme
  • La construction permanente de l’identité communautaire
  • La lutte constante contre les diverses faiblesses institutionnelles, démocratiques et administratives etc. sont des impératifs qui doivent encadrer la politique monétaire de la CEDEAO afin d’assurer son développement et son intégration régionale.

« VIVE LA CEDEAO, VIVE L’INTÉGRATION RÉGIONALE » 

« ENSEMBLE, BÂTISSONS LA COMMUNAUTÉ DES PEUPLES »

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